L’audience solennelle de rentrée d’un tribunal est toujours un évènement d’importance dans la vie judiciaire ; c’est certes l’occasion de dresser le bilan de l’année écoulée mais c’est aussi celle de présenter les objectifs de l’année qui s’ouvre.
Celle qui s’est tenue le 20 janvier dernier dans la salle des assises du palais de justice de CRETEIL n’a pas failli à la tradition mais elle a fait plus : elle a invité à une réflexion prospective les plus hautes personnalités du monde civil et judiciaire venues en nombre et les représentants du barreau, membres du conseil de l’Ordre, Bâtonnier et anciens bâtonniers, eux aussi largement présents.
Dire que notre Justice est à la croisée des chemins est peu dire ; quel sens a-t-elle encore aujourd’hui pour nos concitoyens ? Sa lenteur, pour compréhensible qu’elle soit, la prive-t-elle de son efficience ? Ces interrogations, les Chefs de notre juridiction les partagent mais ils sont déterminés.
Résolue à engager la juridiction dans la lutte contre les violences intra-familiales et dans celle contre la prostitution des mineurs, Madame la Présidente Catherine MATHIEU a opportunément rappelé « l’importance de la justice civile pour nos concitoyens », embolisée par la justice pénale qui exerce sur la juridiction une véritable pression, et précisé ses besoins. Elle a par ailleurs pertinemment relevé que « s’ils doivent être développés, les modes amiables ne sauraient pallier les difficultés de la justice civile, sauf à en dévoyer le sens et l’intérêt ».
Monsieur le Procureur Stéphane HARDOUIN quant à lui a souhaité porter le regard sur la lutte contre la criminalité organisée dans son lien avec le narcotrafic et revenir sur le sujet des « mules de l’aéroport d’ORLY ». « Notre logique répressive, douanière ou pénale, reste encore trop indexée sur la quantité (de cocaïne appréhendée) » a-t-il dit. « Il nous faut opérer un changement de paradigme et avoir pour objectif premier de perturber le nœud logistique que constitue un aéroport ». Et de conclure : « C’est un enjeu majeur qui doit figurer parmi les priorités d’une action nationale renforcée ».
Il fallait des mots pour le dire et tous deux nous les ont fait entendre. Qu’ils en soient respectueusement mais chaleureusement remerciés et… que commence l’année judiciaire 2025 !
Elle n’aura pas désempli, la salle des assises du Palais de justice de CRETEIL ce 20 janvier 2025.
C’est qu’après avoir accueilli les plus hautes personnalités du monde civil et judiciaire venues en nombre pour assister à l’audience solennelle de rentrée du tribunal et entendre les chefs de la juridiction résolument engagés à défendre la Justice et ses vertus mais conscients que si la volonté est une chose, les moyens en sont une autre et qu’il est grand temps de doter cette belle juridiction des moyens humains et financiers qui lui manquent cruellement, il lui revenait de recevoir quatre jeunes bretteurs, tous quatre étudiants de la faculté de Droit de CRETEIL, en quête du prix « VERGES » qui revient au plaideur le plus éloquent, qu’il est à requérir ou qu’il ait à défendre…
L’objet du débat ? La prévention à l’encontre de deux écologistes militants de s’être, en mer méditerranée dans les eaux internationales, rendus complices par instigations de destruction, de dégradation ou de détérioration d’un bien appartenant à autrui, en l’occurrence les filets de pêche d’un bateau sous pavillon français.
Pourquoi le taire, le sujet aura laissé perplexes plus d’un membre du jury que présidait Madame Catherine Mathieu et qui était pourtant composé de professionnels que l’on pourrait qualifier d’« avertis » : procureur, universitaires, bâtonnier et ancien bâtonnier… Mais pas les candidats qui tous, oui tous, ont su analyser l’espèce, déterminer le droit applicable, exploiter la jurisprudence et arrêter une position, le tout avec une pertinence magnifiée par un verbe choisi.
Que souhaiter de mieux sinon que dans quelques temps tous rejoignent la famille judiciaire qu’ils enrichiront indiscutablement ?
Il fallait bien un vainqueur et c’est à Jack HATELY, redoutable procureur, que revint le prix mais on ne saurait taire le talent déployé par Camille HASSANZADEH-GRUBER, Medie BISUMBULE et Sheryl BERTRAND qui nous ont enchantés.
On conclura ces quelques lignes par des remerciements appuyés à l’endroit de Sofiane OUZANE et de Ilan STRASBACH, co-Présidents de l’association d’étudiants « REVEILLE-TOI, UPEC », organisatrice du concours et dont on rappellera qu’elle a pour objet de « valoriser l’éloquence, promouvoir la culture juridique et défendre la langue française ». Y a-t-il plus belle mission ?